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il faut moral(e) garder
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6 août 2012

Azel le machiavélique

azel

Oui, je sais, c'est peu commun, mais j'ai décidé d'appeler cet homme Azel. D'abord, parce qu' à l'heure où j'écris ces lignes, ce prénom, apparu en 1946, n'a été porté que 12 fois, ensuite parce que dans le cas, purement fortuit (probabilité avoisinant les 0,01 %), où lui-même (ou quiconque le connaissant) viendrait à lire ces lignes, il ne pourrait pas m'être reproché de n'avoir point préservé son anonymat. C'est important l'anonymat. Ma santé aussi.

Azel a fait son apparition dans ma vie il y a un peu moins d'un an. Ou plus exactement dans ma vie professionnelle. Sauf qu'Azel n'est pas du genre à se laisser cantonner. Non, Azel est de type envahisseur, dans toutes les acceptations du terme, en commençant par sa taille, gigantesque, laquelle me fait ressembler à une naine malgré mes talons de 12 cm, eux-mêmes ajoutés à mon 1m68 d'origine. Et Azel vous jauge, en permanence, d'abord pour savoir ce que vous pensez, ensuite pour s'assurer que vous n'irez en aucune manière contre sa volonté. C'est un manipulateur-né, de la race des psychopathes dits ''socialement intégrés''. Et, vraiment, ça tombe bien, moi aussi. A ceci près que, dans le registre, il est beaucoup plus fort que moi. Qu'à cela ne tienne, je suis une warrior.

Je crois qu'Azel est passé par toutes les phases pour tenter de me cerner et vérifier ce qui pourrait m'atteindre ou non. Au commencement était le charme, atout dont il dispose plus que largement et dont il se sert sans vergogne. La première craquelure a fait son apparition le jour où, sur un ton badin, j'ai eu l'outrecuidance de prononcer des mots qui n'eurent pas l'heur de lui plaire. Il m'a regardée en lâchant un ''ah bon'' glacial, puis s'est approché tranquillement à 5 cm de moi, me dévisageant de toute sa hauteur. Technique n°1 : entrer dans l'espace vital de sa proie pour l'impressionner. Toute personne normalement constituée recule. Moi pas. Raté, Azel, je t'aime déjà.

Vint ensuite la phase dite ''de découverte'', durant laquelle Azel m'envoya un de ses sbires afin de tâter le terrain et, accessoirement, de me challenger. Car Azel ne doute de rien : en manipulateur suprême, il dispose de nombreuses relations et d'une cour qu'il tient manifestement sous son joug, son charme et son charisme faisant le reste. Cette période, tout d'abord agaçante (après tout, s'il m'est supérieur hiérarchiquement parlant, je ne dépends pas de lui, bien qu'il prenne un malin plaisir à feindre de l'ignorer), finit par m'amuser franchement lorsque le sbire en question m'invita à dîner. J'eus alors l'immense plaisir de le lancer sur de fausses pistes, l'amenant à s'emberlifiquoter aussi doucement que sûrement. Cher sbire, la manipulation n'est pas donnée à tout le monde, mieux vaut savoir à qui tu as affaire. Et sur ce point, le web est une source de renseignements non négligeable, autant te dire tout de suite que lorsque tu y laisses des traces, je les trouve. Technique n°2 : envoyer un éclaireur, de type inquisiteur. Bien joué, à condition de choisir un éclaireur à la taille de l'enjeu. Sinon, c'est un flop. Encore raté, Azel, mais je t'aime quand même.

Puis Azel enchaîna sur une phase dite ''de déstabilisation'', durant laquelle il utilisa les regards poussés enchaînés au plus beau des sourires et aux sous-entendus charmeurs. En réalité, il serait plus juste d'utiliser le terme ''déplacés'' concernant lesdits regards, mais il faut bien avouer qu'il pratique la chose avec une telle assurance qu'un observateur non averti n'y voit que du feu ; c'est aussi la grande force du manipulateur que de s'arranger pour présenter toutes les caractéristiques de la parfaite innocence, ou tout au plus, dans ce cas précis, d'un coquin dragueur, ce qui ne prête pas à conséquence venant d'un mâle manifestement considéré par ses pairs comme dominant. Troublante période durant laquelle Azel se montra sereinement capable de fixer mon postérieur de façon tout à fait directe lorsque je quittais son bureau, puis, alors que je me retournais vers lui, de lever tranquillement les yeux pour me saluer en me gratifiant d'un sourire ravageur (le tout en n'omettant pas d'appuyer son ''à bientôt'' par l'adjonction de mon prénom, car, comme chacun sait, il est important d'établir de la proximité dans la relation). Technique n°3 : entremêler flatterie et avilissement. Et sinon, Azel, te souviens-tu du jour, lendemain de la Saint-Valentin, où j'ai porté de façon ostensible une sublime bague, inconnue de toi jusque là, et que tu as fixé de tes yeux pleins de colère, alors que nous étions en réunion ?... Car Azel estime que vous lui appartenez, que lui s'intéresse à vous ou non, telle est la loi et là n'est pas le problème. Bon, désolée, c'est encore raté, Azel, mais je t'aime toujours.

Et nous voici dans une nouvelle phase dite ''de manifestation d'autorité''. Parce qu'Azel a horreur qu'on lui réponde. Et comme je suis d'un naturel assez peu discipliné, il faut bien avouer que je le contrarie sérieusement. D'ailleurs, de temps à autres, je vois qu'il m'observe et c'est un peu comme s'il enregistrait des données : Dieu seul sait ce qu'il est capable d'en faire ou même ce qu'il en pense et, de fait, Azel est un grand mystérieux ; il prend toutes les données et s'en sert au moment où il en a besoin, pour autant il ne vous dira jamais clairement ce qu'il veut. J'ai dû furieusement le contrarier quand même, car dernièrement il a pris la peine de prendre son téléphone pour m'indiquer sur un ton d'autorité brutale ce qu'il voulait (et il pratique très bien l'autorité brutale, vous pouvez me croire sur parole). Tout à fait inhabituel. Du coup, j'ai profité de cet avantage indéniable pour lui répondre aussi vertement que je le pouvais. Il en est resté coi, dites-donc, j'aurais bien aimé voir son visage à cet instant précis.

Enfin, pour l'heure, me voici punie. Oui, oui, vous avez bien lu, punie (cet homme est plein de ressources, plus je l'observe, plus il force mon admiration). J'entends par là qu'Azel m'évite soigneusement, faisant passer ses messages par interlocuteurs interposés, et refusant de me regarder de façon tout à fait ostentatoire lorsqu'il est par hasard en ma présence. Ce qui ne l'empêche pas de vérifier d'un coup d'oeil furtif l'effet qu'il produit sur moi, détournant à nouveau les yeux lorsque je le regarde à mon tour, histoire qu'il soit clairement établi que je ne mérite même pas qu'il pose les yeux sur ma personne. Parce que, bien sûr, Azel joue sur l'affectif, comme tout manipulateur qui se respecte. Je pense que la prochaine fois que je le croise, je vais lui faire mon regard de biche désolée (je fais très bien le regard de biche désolée, vous pouvez me croire sur parole), et m'approcher en touchant doucement son bras. Normalement, il devrait céder.

Et après tout, il a gagné, je crois bien que je suis atteinte du syndrome de Stockholm ... A moins que ce ne soit lui l'otage.

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