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il faut moral(e) garder
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11 novembre 2012

Azel et les songes de l'à-venir

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Azel s'est assis de l'autre côté de la table de réunion, légèrement en biais et en retrait par rapport à moi, et fixe un point devant lui. J'ai tourné mes yeux vers la droite et mets tout autant de soin à éviter son regard. En réalité, nous avons calqué notre comportement l'un sur l'autre et j'imagine, à cet instant, qu'un observateur de la scène trouverait sans aucun doute notre attitude quelque peu étrange, ce qui me fait doucement ricaner (intérieurement, s'entend). Il y a là comme une convention temporaire de non agression entre nous, cependant le fait qu'il use des mêmes artifices que moi m'agace un chouilla ... J'ai démarré la conversation en indiquant tout de go que ''je suis d'une humeur de merde''. J'ai sciemment utilisé cette expression peu gracieuse et volontairement familière, histoire de marquer le coup, mais Azel a répondu très exactement sur le même ton qu'il est, lui aussi, ''d'une humeur de merde''. La barbe ! 1 partout, la balle au centre : je vais la jouer linéaire puisque c'est comme ça. D'ailleurs, en parlant de linéaire, je trouve Azel bizarrement détaché tout à coup, alors qu'il a encore joué les embrouilles pas plus tard qu'il y a 1/4 d'heure lorsque je l'ai eu au téléphone, avant que je décide de venir voir in situ ce qu'il me veut exactement.

Autant que je sache, et pour le niveau d'information que j'ai à ce jour, je suis censée travailler sur les projets France, moi, alors qu'Azel, dans la nouvelle organisation, va diriger une branche transversale et ne devrait plus avoir la main sur la branche dans laquelle je suis intégrée. C'est son choix (jusqu'à quel point, je n'en sais rien : Azel ayant un impérieux besoin de tout maîtriser, je m'interroge sur cette étrange décision). Il convient de préciser tout de même qu'il a d'ores et déjà positionné un homme à lui pour prendre la Direction de la branche France (le contraire m'eut étonnée), lequel m'a été présenté comme un vague responsable de domaine : je me gausse, tout en ayant une furieuse envie de leur demander à tous les deux si, par hasard, ils ne me prendraient pas pour une blonde (à forte poitrine). Je me garde bien de lui dire que je connais en partie la nouvelle organisation et en particulier la sienne (censée être restée secrète, ce qui n'est pas le cas, bien sûr, vu que j'ai des indics un peu partout) et le laisse me solliciter sur un sujet qui concerne sa future branche, en faisant mine de trouver ça tout à fait normal. Parfait, il a l'air rassuré et je le sens sourire à l'autre bout du téléphone lorsque je lui propose de passer le voir concernant le 2ème sujet qu'il souhaite aborder.

Azel commence par assassiner tranquillement Apolline, égrenant point par point ses sujets de mécontentement la concernant, me prenant à témoin de ses manques. C'est louche. S'il croit que je vais entrer dans son jeu ou me précipiter dans la foulée pour prévenir Apolline, il se trompe lourdement. J'écoute sagement, intervenant de temps à autres, tout en me remémorant la discussion que j'ai eu récemment avec Apolline. Drôle d'idée qu'elle a eu là, de me prendre pour confidente. Car Apolline m'a confié d'un air désespéré qu'Azel ne la regarde plus. Il regarde tout le monde, sauf elle, et ne lui adresse pas la parole. Elle en a l'air toute attristée. J'ai furieusement envie de la frapper. Oui, ma chérie, Azel est probablement fâché contre toi, et quand Azel est fâché, il ne te regarde pas : c'est la traduction de sa colère et/ou de son mépris, selon la faute commise (je vous renvoie à ''Azel le machiavélique'', pour ceux qui voudraient avoir une vision globale des tactiques Azeliennes). En réalité, Azel est en train de me parler d'Apolline, mais, à mon avis, il vise quelqu'un d'autre. Galaad, par exemple. A qui il a envoyé un mail l'avant-veille à 23h40 pour lui indiquer que son contrat prenait fin dans 8 jours. Lequel Galaad m'a fait suivre le mail qui prend pour prétexte un gel du budget concernant le projet qui nécessitait son intervention. C'est propre et sans appel. C'est du Azel tout craché.

Azel n'abordera pas avec moi le sujet Galaad, sans doute parce qu'il considère que la question est désormais réglée, pas plus qu'il ne s'inquiétera des éventuelles conséquences de cette brusque rupture de contrat. Au lieu de quoi, il embraye en me demandant mon avis sur le projet en cours. Avis que je lui donne et qu'il semble écouter (et depuis quand tu m'écoutes, Azel ? Hein ?). Il a l'air pensif et étonnamment calme. Je ne sais pas s'il est en train de se détacher du projet, compte-tenu de la nouvelle organisation à venir, dans l'intention de le basculer au nouveau dirigeant de la branche France, faisant ainsi semblant d'y être encore impliqué, ou s'il a autre chose en tête. Je n'oublie pas qu'Azel est un homme dangereux. Je vais donc éviter de tirer des conclusions hâtives sur ce détachement apparent : je ne sais pas encore exactement ce qu'il va advenir de moi dans la nouvelle organisation, mais dans l'hypothèse où Azel aurait encore des points d'appui me concernant, il me semble que je serais bien avisée de rester en retrait. Ce que je fais. On n'est jamais trop prudente. D'ailleurs Azel a émaillé la conversation de quelques interrogations furtives que je pense destinées à s'assurer qu'il a toujours autorité sur ma personne. Je ne l'ai pas déçu. Azel n'aime pas qu'on le déçoive. Et, accessoirement, je ne suis pas son ennemie.

Apolline est revenue vers moi, sourire retrouvé, soulagement en guise d'étendard : Azel lui parle à nouveau (non, sans blague ?). Et même, il semble lui avoir réservé son Vendredi, la sollicitant autant que de besoin (ô, joie ineffable, être à ses côtés). Je souris et me moque gentiment d'Azel qui a besoin qu'on l'accompagne et le prenne par la main. Elle en rit. Elle a tort. Azel a besoin qu'on le prenne par la main, quelquefois. Comme tout manipulateur. Les psychopathes ne sont pas linéairement solides, je suis bien placée pour le savoir. Azel ne fait pas exception à la règle, je sais ce qu'il ressent parfois, même si, sous la torture, il ne l'avouerait pas.

Elle fait mine de râler pour la circonstance, mais son stupide sourire m'indique qu'elle en est enchantée (j'ai subitement très envie de lui accrocher définitivement son sourire autour du cou. Avec quelques coups de griffes bien placés, c'est tout à fait jouable, de mon point de vue). Je sais qu'elle est tombée sous ton charme, Azel, tu es très doué pour la manipulation affective. Elle semble juste oublier qu'Azel vient de se débarrasser d'elle dans le cadre de sa nouvelle organisation, de la même manière qu'il a rétrogradé toutes les femelles de son service, les faisant hiérarchiquement redescendre d'un à deux degrés. Apolline s'inquiète dans la foulée pour moi, se demandant si Azel ne souhaiterait pas, au fond, que je sois en incapacité d'absorber une charge supplémentaire concernant un nouveau projet, ce qui lui permettrait de m'écarter définitivement de son chemin. Pauvre, pauvre Apolline, ton discours sonne faux comme le son d'une vilaine crécelle. Je sais ce que tu espères. Mêle-toi donc de ce qui te regarde et laisse moi me débrouiller avec Azel. J'ai encore beaucoup d'inconnues concernant mon avenir. Ce n'est pas la première fois. Et sans doute pas la dernière. L'ai-je déjà dit ? Je suis morte de nombreuses fois. Et je suis revenue.

Galaad m'a invitée à déjeuner Lundi. Il joue avec le feu. Mais je vais aller vérifier ce qu'il me veut.

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