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23 septembre 2012

Azel poursuit son oeuvre

3-bengal-azel

Il m'arrive quelquefois de m'interroger sur cet absolu besoin d'écrire, mais en réalité, je connais la réponse. Aussi bien, ce blog n'est-il destiné qu'à moi-même et, sans qu'il ne soit secret, je n'ai aucune volonté d'en faire la promotion.

Je me souviens qu'étant adolescente, je communiquais très peu avec mes semblables, voire pas du tout (d'ailleurs le terme ''semblables'' n'est pas approprié, mais j'y reviendrai plus tard et ailleurs). En revanche, je dessinais beaucoup, aussi s'étaient-ils habitués à me voir assise parmi eux, aussi peu communicante qu'un poisson rouge, un crayon de papier à la main et un dessin en cours sur mes genoux. J'ai conservé cette habitude de dessiner, lorsque les maux ne peuvent plus se traduire en mots mais que l'indicible se doit d'être exprimé. Mes productions surréalistes sortent alors de moi-même en quelques heures abruptes durant lesquelles il m'est impossible de faire quoi que ce soit d'autre.

L'écriture correspond quant à elle à un impérieux besoin de poser les choses afin de mieux les exposer et les appréhender : ce n'est pas plus communicant, mais c'est tout aussi soulageant. Cette petite manie est venue s'adjoindre à la précédente, et si elle n'a pas tout à fait la même vocation, elle participe également à mon équilibre précaire.

Je suis sur un fil.

Azel poursuit tranquillement son oeuvre, sans que personne, semble t'il, ne soit en capacité de prendre la mesure de ses actes. J'aime autant vous dire que la sacro-sainte image que cette société a toujours voulu se donner en prend un coup dans les gencives, ce qui me fait quelquefois ricaner, entre deux agacements. Cet homme est d'une brutalité sans nom et pour autant celle-ci semble passer quasi inaperçue aux yeux de ceux qui ne sont pas directement concernés par ses agissements. J'ai tout de même tendance à croire que la crainte qu'Azel provoque chez les autres les transforme en statuts inertes, car cette brutalité est manifeste, de mon point de vue, tout autant que sa cruauté, laquelle transparaît subrepticement dans ses yeux lorsque ses pupilles se rétrécissent tandis que son sourire s'étend ... Je t'observe, Azel.

Il serait malhonnête de ma part de taire le fait que ma typologie se rapproche terriblement de celle d'Azel, raison pour laquelle je le décortique depuis son arrivée. A ceci près que j'ai passé des années à me rendre plus humaine, de même que j'ai été formée à tenir compte de mes semblables en tant qu'entités pensantes, et potentiellement, souffrantes. J'ai donc appris la compassion, laquelle n'était pas innée chez moi, loin de là. Je me suis souvent demandé ce qu'il serait advenu de moi si j'avais été un homme et non une femme. Lorsque j'y réfléchis, je suis au regret de devoir avouer que mon absence d'empathie, adjointe à une bonne dose de testostérone, aurait eu des effets désastreux, pour ne pas dire monstrueux. Mes ''semblables'' doivent le sentir confusément, car je ressens parfois leur peur aussi sûrement que si elle provenait de moi. S'ils savaient à quel point je suis fragile et comme la lutte est immense en moi, depuis toujours et presque à chaque instant ... Je crois que j'en veux à Azel parce qu'il remue violemment ce que je m'éreinte à taire et à maîtriser.

Je suis sur un fil, je ne sais pas de quel côté je vais tomber. Protège-moi.

Un des sbires d'Azel m'a fait savoir un jour que celui-ci avait la fâcheuse manie de vous mettre une corde au cou, de telle sorte qu'il puisse tirer dessus à tout moment. Je ne sais pas s'il m'a dit ça dans un moment de fatigue inavouable, ou bien s'il cherchait simplement à m'impressionner pour que je me tienne tranquille. Je pense qu'il se trompe de peu. Azel ne vous met pas une corde au cou, il place un noeud coulant, lequel a le double avantage de lui permettre de vous étrangler aussi progressivement qu'il le souhaite ou de vous rappeler brutalement à l'ordre si vous avez la mauvaise idée de vous égarer. Sans compter que si vous tentez de vous débattre, vous vous étranglez tout seul. Petit malin. Je reconnais là son goût immodéré pour l'efficacité et, il faut bien le reconnaître, question efficacité on ne peut rien lui reprocher. Cerise sur le gâteau, ça l'amuse manifestement beaucoup.

Azel me parle (tiens donc, je ne suis plus bannie ?) et je pense instantanément qu'il est beaucoup trop souriant avec moi depuis quelques temps. Je ne sais pas ce qu'il a en tête, ni ce qu'il manigance, mais je l'ai aperçu récemment, m'observant de loin, mains dans les poches et cette fois, sans l'ombre d'un sourire : cette attitude est typique chez lui dès lors qu'il maîtrise une situation. Tout aussi typique que sa manière de se positionner debout, légèrement en retrait derrière vous, lorsque vous êtes assis.

Je suis sur un fil et Azel joue négligemment avec. Je crois que je vais le laisser faire.

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